“Le Théâtre des Remparts”
En hommage à El Haj Mahmoud Mana
Fondateur du théâtre les remparts en 1979
Les premiers pas de Mahmoud Mana au théâtre : souvenirs, souvenirs…
Il y a plus de trente ans, El Haj Mahmoud Mana créait la première compagnie théâtrale d’Essaouira du nom du “Théâtre des Remparts”. C’est un fervent amoureux du théâtre qu’il pratiquait depuis l’âge de 12 ans au tout début des années 1960.
On reconnait Mahmoud Mana au milieu le la scène. Le temps des photos en noir et blanc. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Le tout jeune Mahmoud
Mana des années soixante, portant l’épée de bois de Samsan et de Masist
On reconnait à gauche le comédien Boussen en sa jeunesse : ce fonctionnaire municipal qui délivre les extraits d’actes de naissance et de décès est le fils du célèbre herboriste du même nom qui avait vendu sa belle demeure de la kasbah au prix des clopinettes, et qui est devenue le Tharos où les festivaliers organisent leurs dîners de gala.
Boussen est également un fervent adepte de la confrérie des hamadcha où il a toujours joué un rôle important en tant que percussionniste du Herraz lors de la Hadhra…
Sur cette affiche on peut lire tout en haut “Masrah Al Asouar” (le Théâtre des Remparts) ainsi que : Mahmoud Mana présente “Cris du fond des gorges enrouées”. Prix d’entrée vint-cinq dirhams, spectacle théâtral exceptionnel, deux heures de plaisir et de rire…
Entre tradition et
modernité. On recourait littéralement à cette notion d’enfermement dans
des remparts, ces derniers , en carton-pâte, étaient omniprésents sur
le plateau pour signifier le fort enracinement de ce théâtre dans la
ville… Un enjeu culturel bien sûr, mais urbain également
La dimension ihtifaliste, festive, de ce théâtre participant à un défilé officiel lors de la fête du trône qui avait eu lieu chaque 3 mars (à l’époque du Roi défunt).
Théâtre d’émanation municipale, très influencé à ses début par le vaudeville égyptien et le feuilleton télévisuel…
Une scène où l’on reconnait à gauche le comédien Kalaza, compagnon de route de Mahmoud Mana depuis toujours
Kalaza excellait surtout dans le rôle de “l’ivrogne”, provoquant à chaque fois l’hilarité générale …
Le “Théâtre des Remparts”, symbole d’Essaouira par excellence puisque le nom de la ville signifie justement “petits remparts”, a toujours été le lieu d’épanouissement des talents féminins en dépit des traditions étouffantes au sein des remparts
Trio féminin sur scène : l’art naïf et poétique au service de la cause des femmes.
Parti de l’expérience des Maisons des Jeunes dans les années 1960, ce théâtre de quartier tourne en dérision les scènes de la vie quotidienne : en arrière plan on peut lire en arabe ” Interdit de jeter les détritus sur la place publique ” …Bien avant l’heure ce théâtre se voulait être un moyen de mobilisation en faveur de l’environnement, il s’agissait en quelque sorte d’éveiller l’esprit civique chez le spectateur.
Cette pièce remonte probablement à l’après-attentat terroriste de mai 2003 qui a fait plus de quarante victimes à Casablanca. On peut lire sur l’une des affiches : non à la violence, non à l’incitation à la haine contre les enfants de mon pays…
Le rabbin, le prêtre et l’imam : un symbole, un message de coéxistence et de tolérance entre les trois religions monothéistes.
On reconnait là aussi l’influence du dramaturge Tayeb Saddiki avec lequel Mahmoud Mana a collaboré au temps de Maqamat Badiî zaman al Hamadaniu, et également lors du premier festival d’Essaouira de 1980-1982, intitulé “la Musique d’abord” que dirigeait alors Tayeb Saddiki. De même, au colloque de musicologie, où l’on pouvait rencontrer Georges Lapassade, Edmond Amran el Maleh, Ahmed Aydouin, Abdelkader Mana, Hussein Miloudi, Mohamed Bouadda, Abdelghani Maghnia, Boujamaâ Lakhdar, Hussein Toulali, et j’en oublie…
Un moment culturel-clé pour Essaouira et son histoire : c’est le moment de l’explosion des arts plastiques comme bombe à retardement de la peinture psychédélique qu’a connu la ville avec l’afflux du mouvement hippie vers la ville à la fin des années 1960 / début des années 1970.
Ce festival de la musique, qui n’a connu d’abord que deux éditions (celle de 1980 et celle de 1982), sera le précurseur et l’annonceur de tous les autres festivals qu’a connu la ville depuis.
Artiste peintre et calligraphe comme le dramaturge Tayeb Saddiki, le metteur en scène Mahmoud Mana, recourt lui aussi à ses calligraphies dans la mise en scène de ses pièces théâtrales. Comme on le voit ici : un Macbeth frôlant le néant doublé d’un Moïse portant les Tables de la Loi…
Mahmoud Mana peintre devant l’une de ses oeuvres dans les années 1970
Une oeuvre artistique de Mahmoud Mana le peintre
Mahmoud Mana, cigarette au bec (on sait maintenant ce qu’il lui en coûte en problèmes cardiaques qu’il doit endurer) en compagnie du dramaturge Tayeb Saddiki son ami, signant à la galerie Frederic Damgaard sa pièce “le Dîner de Gala” qui venait de paraître vers la fin des années 1980…
Encore une photo souvenir de Mahmoud Mana avec Tayeb Saddiki (barbe et cigare), son modèle en art dramatique. C’était en 1980, du temps du premier festival d’Essaouira: “La Musique d’abord”…
Mahmoud Mana avec un
jeune Rasta au tout début du festival des Gnaoua et Musiques du Monde
(1998). Il était devenu imprésario des Gnaoua, les accompagnant dans
leurs tournées internationales de Toronto, Tokyo, Bruxelles …
Mahmoud en imprésario des Gnaoua
En belle compagnie de maâlem Hayat (nom qui signifie : la vie)
Consécration : du bonheur d’être reconnu par son public
Abdelkader Mana
Commentaires