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Titre du blog : Maroc
Auteur : AbdkMANA
Date de création : 01-05-2010
 
posté le 05-05-2010 à 15:27:09

Le port de Tombouctou

 

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En pays berbère, le terme « ganga » désigne d'abord le tambour, puis, par extension, il a fini par désigner aussi les Noirs adeptes de Lalla Mimouna qui vivent dans les campagnes et pour qui le tambour est l'instrument central, par opposition aux Gnaoua bilaliens des villes, pour qui c'est plutôt le guenbri, instrument à corde, qui constitue le principal inducteur de transe.
 
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Il y a douze ans de cela , en 1998, j'ai effectué ici-même à Tamanar le tournage d'un  documentaire que j'avais intitulé "le port de Tombouctou". On  m'apprend aujourd'hui-même que Ouissaâd, leur vénérable et corpulent chef , que nous avions filmé sur son mulet avec son gros tambour, sur fond de carte du commerce transsaharien reliant Tombouctou à Mogador n'est plus.
Moi qui comptais tant sur lui pour ce tournage ! Sa prestance, sa silhouette imposante, sa carrure impressionante, sa posture unique ...
 
C'est également au cours de notre première rencontre d'il y a douze ans que j'ai découvert le riche repertoire de ces ganga de Tamanar. Ils nous avaient chanté alors ce très beau négro spiritual que nous publions ici en hommage à Ouissaâd disparu. On y reconnait le métissage négro-berbère : tambours et crotales africaines, et N'dam (composition poètique de la haute montagne berbère), non seulement par l'emploi de la langue berbère mais aussi par l'utilisation du refrain lancinant que chante le choeur en réponse à chaque couplet déclamé en solo par le poète du groupe

Chant négro spiritual ganga

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

A peine ai-je ouvert la bouche

qu'un flot de paroles poétiques coule de source,

Je vous ouvre la voie, la porte du Seigneur, seul à mériter nos prières

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

Ô vous qui étudiez les mystères,

puissiez-vous nous indiquer les chemins de l'au-delà !

Ici-bas, nous y sommes, mais l'au-delà, voilà notre grande ignorance !

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

Ce sont les taleb et les hommes des sciences

qui nous indiqueront les chemins de l'au-delà

A eux nous disons : est-ce que nous ne connaitrons que ce bas-monde ?

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

Le taleb, Sidi khalil, et l'imam ont dit :

ce bas monde est invivable sans entraide.

Sans prière, sans entraide, cette vie

serait aussi sombre que le tombeau !

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

Retrousser nos manches pour cette vie, prier pour l'autre

car la mort est inéluctable :

Celui qu'elle n'emporte pas tout jeune, elle l'emportera tout vieux

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

Nous finirons tous par quitter ce monde,

que le bon Dieu (rabbi) nous accorde sa protection !

Car celui que protège « rabbi » (le bon Dieu)

ne manquera jamais de rien

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

...

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...

Ce bas monde (dounit) est un broyeur de pierre

dont la roue moud le grain

L'autre monde en est le tamis qui séparera le bon grain de l'ivraie

C'est au nom d'Allah, que j'ouvre les livres et que je consulte les taleb

C'est par eux seuls que j'entame ma parole

 

Poème recueilli et traduit du berbère par Abdelkader Mana

 

pour lire la suite de l'article "le port de Tombouctou" :

Mon Maroc (Abdelkader Mana) catégorie reportages-photos

 

Commentaires

Massin le 24-05-2010 à 03:31:18
Azul,

merci pour votre article.

Le mot etranger en berbere(tachelhit) veut dire " agnaw" ( le muet qui ne sait pas parler le berbere). Les amazighs noirs etaient les premiers etranger a la societe berbere. Ce mot <agnaw> et son feminin <tagnawit> ont une relation luinguistique et culturelle avec le mot <gnaoua> Festival de Gnaoua de Mogador.

Amicalement,

Un amazigh errant!</gnaoua>